Quand Albert Camus et René Char se rencontrent en 1946,
ils ont déjà derrière eux un vécu important. Tous deux
ont en effet participé activement à la Résistance. Char,
les armes à la main, en dirigeant le maquis de Cereste,
sous le nom de « Capitaine Alexandre », Camus en
participant dans la clandestinité à l'élaboration du
journal « Combat », qu’il dirigera à la Libération
avec Pascal Pia.
Entre le tumulte du monde et les évènements plus intimes
–les doutes, les maladies, les épreuves affectives- se crée
la richesse d’une relation exceptionnelle, faite de confiance,
d’attention, de tendresse virile, d’admiration réciproque.
Au fil des lettres apparaîtront aussi les commentaires de
chacun sur les livres de l’autre au moment des parutions
successives : critiques attentives, profondes, constructives,
comme si les deux œuvres qui se construisent sous nos yeux
se répondaient et convergeaient vers une même finalité.
Diaporama
Extrait audio
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Ce roman, retrouvé dans sa serviette sur les lieux de
l’accident qui lui coûta la vie, Camus y travaillait
depuis quelques années déjà, voulant entreprendre cette
histoire d’immigration à travers la figure de ce père
qu’il n’a pas connu, mais aussi comme un hommage à cette
population d’Algérie, --chrétienne, juive et arabe—qui,
au moment où il le raconte, se déchire.
Le texte est parcouru par plusieurs thèmatiques :
l'autobiographie, l'exil, la mémoire, le colonialisme,
l'amour de la terre, la guerre d'indépendance, l'engagement
personnel.
Autobiographie en mouvement, le récit, portépar un acteur
seul en scène, accompagne l’évolution du narrateur de sa
naissance jusqu’à son âge adulte.
Va-et-vient entre le passé et le présent, le vécu et
l’informulé, l’identification aux personnages et la
distance de la narration, c’est une foule de figures
singulières qui défile devant nous, d’où se détache le
sujet-narrateur, --Albert Camus lui-même--, observateur et
acteur de sa propre histoire.
Ecrit pendant les cinq premières années de la guerre
d'Algérie où, malgréles blessures inévitables, Camus
veut retourner aux origines, non seulement pour en
comprendre le mal, mais, à travers ces moments d'initiation
et de bonheur, tenter de le transformer en espoir.
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